Le casque 1/2
Tout a déjà été dit sur le casque et son utilité à moto. Mais comment choisir son casque?
Je vous livre ici un post issu d'un forum auto, une fois n'est pas coutume, fort bien documenté et argumenté:
<<Savoir choisir un casque
1 - Un peu d’histoire…
Trente ans de boulot :
La
France fut longtemps, à l’échelle de l’Ancien Continent (les USA
avaient 10 ans d’avance), un pays à l’avant-garde en matière de
crash-tests. Dans le domaine de l’auto, Renault a commencé à catapulter
ses voitures dans les murs pour en vérifier la sécurité à l’époque de
la Dauphine ! Pour mesurer le niveau de protection offert par les
casques de moto, nous n’avons attendu que la fin des années 60 ! Et
oui, puisque c’est en 1972 que la première estampille NF est apparu sur
un casque. Base de toutes les réflexions réglementaires, cette première
marque « Norme Française » doit beaucoup à quelques passionnés
d’accidentologie, de traumatologie et de sécurité passive (celle qui
intervient au moment de l’accident, à la différence de la sécurité
active qui, elle, tente de l’éviter).
A l’époque, il fallait
avoir des tripes, puisque les crash-tests étaient réalisés avec… de
véritables cadavres humains, issus de la banque de données (oserait-on
dire d’organes !) des personnes qui donnent leur corps à la science !
Les mannequins à 150 000 € utilisés aujourd’hui dans les crash-tests
automobile, munis de leurs très nombreux capteurs pour une bio fidélité
quasi-parfaite, n’étaient pas encore au point.
Il fallait donc
hisser le corps casqué à plusieurs mètres de haut avant de le laisser
tomber au sol la tête la première… Une autopsie permettait ensuite de
mesurer de visu l’étendue des dégâts ! C’était empirique mais efficace.
Et surtout, cela a permis d’établir les fondements de normes
aujourd’hui en vigueur et réputées parmi les plus sévères au monde !
Dans
les laboratoires de la très sérieuse Union Technique de l’Automobile et
du Cycle (UTAC) basés sur le mythique circuit de Montlhéry, on se
souvient encore des tous premiers intégraux, sagement alignés sur les
toits en terrasses des bâtiments et consciencieusement arrosés par un
directeur de labo curieux ! Le but : vérifier comment vieillissaient
les premiers matériaux des calottes injectés face aux rayons
ultra-violets émis par le soleil, aux intempéries et aux écarts de
température !
De ces expériences rigolotes, on a beaucoup appris.
Aujourd’hui
encore, les chocs d’homologation se pratiquent avec des casques
conditionnés à -20°C et à +50°C et exposés sous des lampes à U.V. Des
conditions extrêmes pour mieux appréhender la résistance des coques
selon qu’elles soient cassantes à froid et à chaud. C’est aussi grâce à
ce genre de curiosités scientifiques que l’on s’est aperçu d’un gros
défaut des premiers casques en ABS injecté. Ce matériau économique dont
l’acronyme est bien plus facile à retenir que le nom complet
(acrylinitro-butadiène-styrène, un dérivé des copolymères de styrène
pour les curieux !) a pour lui de formidablement bien dissiper
l’énergie d’un choc… pour pas cher ! Il était donc logique d’en faire,
en dehors des poubelles et des flancs de carénage, des coques de
casques. Les résultats étaient très prometteurs, sauf que : après
quelques semaines seulement d’exposition aux U.V., lesdites coques en
ABS perdaient énormément de leur qualité d’absorption d’énergie. Et
c’est toujours grâce aux laboratoires et à leur personnel qu’il a fallu
imposer des vernis anti-U.V. sur ce type de casques.
Et toujours pour ces raisons, il a été longtemps admis qu’un casque avait une durée de vie théorique de 5 ans.
Aujourd’hui,
les matériaux et leurs vernis portent cette fréquence de remplacement à
8 voire 10 ans. Même chose pour les écrans, improprement appelés
visières. A l’origine, la petite feuille translucide n’avait aucune
qualité. D’un point de vue optique, un cul de bouteille aurait fait
mieux. D’un point de vue résistance, un petit gravillon projeté pouvait
les transpercer voire les exploser (mais c’était toujours mieux que le
verre véritables des lunettes !).
De plus, quelques essuyages de
gants sous la pluie les rayaient plus qu’un tampon Jex ! Pire encore,
pour les versions dites « fumées » d’alors. Puisqu’aucune norme optique
ne vérifiait leur niveau de protection solaire, ces écrans foncés ne
les filtraient pas ! Bilan, la pupille devait se dilater (trompée par
moins de lumière apparente) et recevait donc une overdose d’U.V. nocifs
!
Après de longues années à user nos rétines derrière ces
piètres écrans, nous bénéficions aujourd’hui de la fine fleur du marché
du casque moto. Certains, comme chez NOLAN, sont même certifiés
U.V.400, comme de bonnes lunettes de soleil ! Et pour continuer le
parallèle fait à l’automobile, nous ne pouvons que nous féliciter du
niveau de protection offert. Il vaut mieux avoir un carton (sic) au
volant d’une petite RENAULT Modus ou d’une PEUGEOT 1007 d’aujourd’hui
que d’une R30 ou d’une 604 d’hier ! Et il vaut mieux tâter du bitume
avec un SHOEI, ARAI ou LAZER (pour ne citer qu’eux) de 2005 qu’avec le
Bayard ou, pire encire, le Cromwell de notre jeunesse !
2 – HOMOLOGATION
La norme garantit une sécurité énorme !
Il
y a encore 5 ou 6 ans, réaliser une série de crash-test de casques en
laboratoire permettait de faire la discrimination entre des casques
potentiellement dangereux, et les autres, bons pour le service.
Aujourd’hui, la norme européenne en vigueur, ou, pour être précis, le
règlement européen ECE 22-05, est tellement sévère, qu’il écarte à coup
sûr du marché les mauvais produits. Explications normatives, ou
pourquoi il faut absolument acheter un casque homologué récent !!!
Entrée
en vigueur il y a maintenant 4 ans, la norme dictée par le règlement
européen 22-05 contrôle l’intégralité des points suivants, pour chaque
modèle de casque estampillé de la précieuse étiquette blanche :
•
L’angle de vision et de la géométrie, pour un champ de vision optimal.
Les casques extrapolés du pilotage auto, trop peu large au niveau de
l’écran, taillé façon meurtrière, sont donc désormais bannis.
•
L’amortissement des chocs au niveau du front, des oreilles, de la
nuque, de la boîte crânienne et même du menton ; ce dernier point a été
ajouté récemment et permet de valider les modulables, non plus comme
des jets accessoirisés, mais comme des intégraux lorsque leur
protection est satisfaisante. Si la protection de la mâchoire est
satisfaisante, l’étiquette prote la lettre P (pour protectrice). A
l’inverse, si vous lisez les lettres NP (non protectrice), le casque
ainsi siglé, bien que doté d’une mentonnière, ne vous protègera guère
mieux qu’un jet !Pour ces tests de choc, le casque est projeté sur une
enclume plate et une autre cornière simulant une bordure d’un trottoir
à une vitesse de 7.5 m/s (27 km/h) sur tous les points d’impact cités
sauf le menton qui, lui, percute à 5.5 m/s (19.8 km/h). Pour vérifier
la capacité des casques à résister à toutes les températures, on les
conditionne à -20°C puis à +50°C. Dans les premiers cas, ils deviennent
cassants, dans le second, ils ont tendance à ramollir…
• La
stabilité dimensionnelle, autrement dit, la coque ne doit pas se
déformer, après choc, de plus de 15 mm. Logique, si un casque est
élastique, la tête elle, ne l’est pas tellement !
• La
résistance au frottement. Pour ce faire, le casque est projeté à la
vitesse de 8.5 m/s (30.6 km/h) sur un plan incliné ou bien frotté sur
un tapis genre « papier de verre ». S’il est pourvu de protubérances
(aérations, décrochement de coque, etc.) trop importantes, le casque va
accrocher et donc se voir éliminer ! En cas de glissade, nos vertèbres
apprécieront d’être ainsi épargnées !
• Le système de retenue.
Les jugulaires doivent interdire au casque de tourner de plus de 30°
sur la tête, d’arrière en avant, sinon on dit qu’il déchausse et c’est
éliminatoire. La résistance à la traction, au glissement (dans les
passants) et à l’usure de la sangle sont aussi vérifiés sévèrement. Ici
aussi, la norme s’est bigrement « sévérisée ».
• L’écran. Sa
transparence (laisse-t-il passer assez de lumière ?), mais aussi sa
résistance à la perforation, et aux rayures sont aujourd’hui évalués.
C’est la raison pour laquelle tous les casques sont, à minima, dotés
d’un traitement anti-abrasion costaud : c’est obligatoire ! Personne ne
s’en plaindra.
Comment lire l’étiquette ?
L’étiquette
d’homologation 22-05 doit être blanche et porter un E encerclé suivi
d’un chiffre. Ce chiffre correspond au pays dans lequel le casque a été
testé.
E1 = Allemagne
E2 = France
E3 = Italie
E4 = Pays Bas
E5 = Suède
E6 = Belgique
E7 = Hongrie
E8 = Tchéquie
E9 = Espagne
et ainsi de suite…
Sur
la seconde ligne de l’étiquette, on trouve une série de chiffres qui
commence par 05 (pour règlement 22-05). Ces chiffres précisent que le
casque a satisfait à des tests complémentaires à la précédente norme
22-04 comme, par exemple, le test d’impact sur le menton et le test de
résistance au frottement.
Quels chocs la tête peut-elle encaisser ?
Vous
aurez été certainement surpris en découvrant que les tests
d’amortissement de chocs ne se font qu’à une vitesse relativement lente
de 27 voire 20 km/h (sur le menton). Certes, mais il s’agit alors de
passer de 27 à zéro sur une très courte distance : moins de 3 mètres
!!! La violence est terrible quand on assiste au largage de la
fausse-tête ! Et de toute façon, le cerveau humain ne peut pas en
supporter davantage !
On exprime l’énergie encaissée sous deux
critères. Le premier mesure la décélération, c'est-à-dire la quantité
d’énergie transmise au crâne. Elle s’exprime en « g ». La norme
européenne autorise un maximum de 275 g (contre 300 g dans notre
ancienne norme française). On mesure ensuite le critère de blessure à
la tête, le « Head Injury Criteria » en Anglais, ou plus simplement, le
HIC. Cet indice évalue l’importance des blessures et leur gravité. La
norme autorise un HIC maxi de 2400 (la norme française ne le prenait
pas en compte). Pourquoi cet indice ? Parce qu’il n’est pas sûr qu’il
faille mieux recevoir un impact plutôt faible, mais sur une longue
durée (quelques fractions de secondes !) plutôt qu’un choc plus fort
mais plus bref !
L’avenir permettra peut-être de répondre à cette énigme de traumatologie…
Un dernier point, les aérations
Hors
de toutes considérations normatives, sachez également, qu’à moins de
mettre un budget conséquent pour l’achat de votre futur casque (genre
400 €), les aérations sont plus décoratives que réellement efficaces.>>